17 Avril 2018
L’auteur a construit son récit autour de quatre personnages : deux femmes adultes et deux garçons adolescents. Les chapitres sont intitulés avec leurs prénoms. Quand il s’agit des femmes, le lecteur est amené à entrer dans leur tête puisque Delphine de Vigan choisit d’utiliser le « je ». Pour les garçons c’est différent, le regard est extérieur avec le choix du pronom « il ». Hélène est professeur dans un collège. Elle a eu une enfance très difficile, battue régulièrement par son père. Elle s’inquiète pour un de ses élèves, Théo, qui ne va pas bien. Théo est déchiré entre ses parents divorcés qui ne s’adressent même plus la parole. Son père part à la dérive et il ne peut en parler à personne, même pas à son meilleur ami, Mathis, car il a honte. Il trouve un certain réconfort dans l’absorption d’alcool avec son copain Mathis (ils ont trouvé une cachette dans le collège pour boire à l’insu de tous : ils se faufilent sous une armoire qui bouche l’entrée d’un placard sous un escalier). Mathis partage tout avec Théo, y compris l’alcool, mais petit à petit il sent que les choses vont trop loin et se demande s’il doit continuer à être loyal envers Théo ou en parler pour le protéger de lui-même. Cécile, la mère de Mathis, est une femme au foyer assez désespérée (« les gens n’imaginent pas qu’une femme au foyer puisse avoir une vie, des centres d’intérêt et encore moins des choses à dire … tout se passe comme si la femme au foyer était, par définition, assignée à résidence et que son cerveau, ayant souffert d’avoir été trop longtemps privé d’oxygène, fonctionnait au ralenti »). Elle se sent transparente et sa petite vie réglée va être percutée par une découverte concernant son mari qui va l’anéantir et tout remettre en cause. Le roman est court, le style nerveux et l’ambiance assez glauque et, pourtant, j’ai tourné les pages assez fébrilement, j’avais envie de savoir comment tout cela allait tourner. C’est un roman dérangeant qui interroge sur ce qu’on sait vraiment des gens, sur ce que chacun cache au fond de soi et sur ce qu’on doit faire quand on le découvre : rester loyal ou parler…