La mer à l’envers – Marie Darrieussecq

J’ai beaucoup de mal avec cette auteure que je trouve très imbue de sa personne et dont l’écriture m’énerve (j’ai souvent l’impression désagréable qu’elle se regarde écrire et qu’elle n’a qu’une idée en tête : montrer qu’elle écrit différemment, autrement dit beaucoup mieux que les autres). Je ne suis donc pas partie du bon pied dans cette lecture et, contre toute attente, je n’ai pas lâché le livre en cours de lecture alors que j’ai retrouvé des choses qui m’énervaient dans l’écriture…C’est l’histoire de Rose, une mère de famille de 40 ans, psychologue à Paris. Sa mère lui offre une croisière pour noël avec ses enfants, Emma et Gabriel, histoire de « prendre un peu le large » et de pouvoir faire le point sur sa vie. Rose est à un tournant : elle ne sait pas si elle va continuer avec son mari qu’elle aime mais qui est un peu trop porté sur la boisson. Ils ont décidé de tout plaquer, de quitter Paris pour Clèves, sa ville d’enfance, ce qui l’angoisse aussi beaucoup. Elle s’interroge également sur ce qu’elle doit faire d’un don qu’elle possède dans ses mains telle une guérisseuse. Au cours de cette croisière, des migrants vont être recueillis sur le bateau (bien à l’abri des passagers histoire de ne pas gâcher leur séjour). Sur un coup de tête qui ne lui ressemble pas du tout, Rose dérobe le téléphone portable de son fils pour le donner à Younès, un jeune Nigérien. Ce lien qui se noue avec le jeune migrant va jouer un rôle important dans le questionnement existentiel de Rose. Comme je l’ai dit au début, l’écriture n’est pas toujours simple (c’est valable surtout pour la première partie lors de la croisière, le style changeant totalement après) et pourtant je me suis attachée à Rose, à son histoire et à celle des migrants. L’opposition entre les deux mondes, ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien, est surtout nette dans la première moitié du roman. Le livre est un peu bancal car Younès disparaît pendant un bon tiers du livre pour revenir quand Rose déménage à Clèves. Le texte soulève des interrogations : qu’aurions-nous fait à la place de Rose ? Lui aurions-nous tendu la main ? Tout l’intérêt étant dans le fait que Rose n’a rien d’un personnage héroïque (elle peut aussi bien donner le portable à Younès sur un coup de tête que refuser de lui répondre quand il lui téléphone et finalement traverser la France pour l’aider) ce qui fait qu’on s’identifie facilement à elle.