1 Avril 2023
Dans cet essai-conférence la romancière s’interroge sur la fiction. Elle convoque La Poétique d’Aristote, elle décortique le schéma narratif mais là où elle est très forte c’est qu’elle le fait avec tellement d’humour et d’autodérision quand elle se met en scène que tout est clair pour le lecteur et pas du tout rébarbatif. Alice Zeniter nous explique en gros que depuis la nuit des temps une bonne histoire c’est celle d’un homme qui fait des trucs et que c’est quand même un problème. Le test de Bechdel, dont j’ignorais l’existence, permet de mettre en évidence la surreprésentation masculine dans la fiction. Pour le réussir, il faut remplir trois critères : 1.l’œuvre doit contenir au moins deux femmes désignées par un nom 2.elles doivent avoir une conversation 3.elles doivent parler d’autre chose que d’un homme. Peu de textes remplissent ces trois critères, les femmes étant souvent des personnages secondaires ou des faire-valoir du personnage principal masculin. Alice Zeniter est féministe et ça se sent tout au long du texte même si elle admet que certains de ses romans ne passent pas le test car il est bien difficile de s’affranchir de siècles de schémas narratifs centrés sur l’homme. Le plus important c’est d’avoir conscience des mécanismes de la fiction qui sont aussi utilisés dans le journalisme par exemple et qui biaisent parfois notre vision de la réalité. Un texte très instructif et drôle à la fois.