Entrez dans la danse – Jean Teulé (Julliard)

Jean Teulé a le chic pour dénicher des histoires totalement improbables et pourtant bien réelles. C’était déjà le cas dans Mangez-le si vous voulez  qui  racontait l’histoire d’un jeune aristocrate, en 1870, qui s’est fait lyncher et carrément dévoré par la foule. Cette fois-ci l’histoire se déroule à Strasbourg en 1519. La population est aux abois. Des maladies et des catastrophes naturelles ont plongé les habitants dans la désolation et la famine au point que certains en sont réduits à jeter leurs enfants dans le fleuve à défaut de pouvoir les nourrir et d’autres vont même jusqu’à les manger…Dans ce contexte les gens perdent la tête et notamment une femme, Enneline, qui après avoir elle aussi jeté son nouveau-né dans le fleuve, est prise d’une irrépressible envie de danser qui va se révéler contagieuse. C’est ainsi qu’une partie de la population se met à danser nuit et jour jusqu’à ce que mort s’en suive… Le maire, sur les conseils des médecins, tente de soigner le mal par le mal en faisant jouer de la musique pour accompagner leur danse folle. Puis face à l’échec évident de cette tentative, il les cloître chez eux en vain. Finalement il s’en remet au clergé qui va trouver une solution bien plus radicale que je vous laisse découvrir. Ce livre est d’ailleurs une charge sévère contre l’Eglise dont les représentants n’ont pas hésité à bien profiter de la situation : ils avaient de la nourriture mais refusaient de la donner à la population sous le prétexte que tout cela était une punition divine envers une population qui n’avait pas assez donné d’argent pour l’édification de la basilique Saint-Pierre de Rome… En revanche ils n’hésitaient pas à leur extorquer le peu d’argent qui leur restait en leur vendant des indulgences censées leur assurer une place au paradis…  J’ai aimé le thème de cette histoire d’autant plus en sachant que c’était un épisode réel ; en revanche, j’ai eu du mal avec le style de Jean Teulé toujours aussi cru (on sent qu’il aime chercher les mots et les images les plus choquantes) et avec le côté très répétitif du texte notamment dans les descriptions morbides des danseurs.